Nucléaire contre EnR : le combat du siècle...
Une grande arène, (et pas ARENH), 2 idéologies, mais il ne peut en rester qu'une !
C'est quoi la transition écologique ?
Notre qualité de vie, elle est chouette ! Alors si on souhaite un monde qui continue à nous offrir une bonne qualité de vie en 2030, 2050, 2100, 3000, nous avons l'obligation de répondre aux deux enjeux de la transition écologique, aux deux plus grands enjeux de l'humanité :
- Enjeu de l’humanité n°1 : La préservation de la biodiversité, de la faune, de la flore et même du minéral sur et sous terre, en mer et dans l'air ;
- Enjeu de l’humanité n°2 : La limitation de nos rejets de CO2 et autres GES à des niveaux assimilables par la Terre.
Si on ne le souhaite pas, bonne journée, circulez, tout va bien. Et au fait, c'était bien les Seychelles ?
Pour les autres qui veulent préserver une certaine qualité de vie, voire une certaine vivabilité de la Terre, nous avons 3 piliers qui permettent d'atteindre ces deux enjeux simultanément :
- La sobriété : l'essentiel du chemin ! Ce qui devrait être le vrai "quoi qu'il en coûte" de notre cher Président ;
- L'efficacité, pas seulement énergétique. L'efficacité technique dans tous les domaines (bonjour l'obsolescence programmée, bonjour les produits bas de gamme) ;
- Les Énergies Renouvelables, avec ou sans l'énergie non renouvelable mais non carbonée qu'est le nucléaire.
Et donc, parlons de ce dernier sujet, les énergies renouvelables et même mieux, EnR contre nucléaire, le combat du siècle !
Le Nucléaire en France, un symbole
On le sait, on le dit, on le répète, le nucléaire a sorti la France de la dépendance à l’égard d'autres pays, il a assuré notre indépendance énergétique ! Vive l'atome, et vive l'énergie pilotable et bon marché !
Heu attend … t'es sûr ? … Rembobine pour voir !
Avant la révolution industrielle, c'est le bois qui représentait 95% de la production d'énergie.
La révolution industrielle a vu l'avènement du charbon à foison, venant s'ajouter au bois existant. Et ensuite, c'est le nucléaire qui nous a sauvé, non ? Dès les années 1970 - 1980 ?!
"FAUX", comme dirait l'autre. Le nucléaire est resté une part marginale de l’énergie consommée en France. C'est le pétrole, « Dieu pétrole », qui nous a tous alimentés et qui, encore une fois, est venu s'ajouter au bois et au charbon.
Le vers était dans le fruit. Le nucléaire n'a jamais assuré notre indépendance, il ne représente que 20% de notre consommation finale d'énergie et ce depuis 30-40 ans …
Il est un complément à notre mix énergétique qui a assuré pendant longtemps une électricité bon marché, mais il est loin d'avoir assuré notre indépendance énergétique.
La « confusion » vient souvent du fait que le nucléaire représente 70 à 80 % du mix électrique … mais pas du mix énergétique C’est comme être champion du monde, mais sans inviter les meilleures équipes parce qu’elles sont trop fortes : pas glop !
Deuxième « confusion », mise en avant par des petits malins version magouilleur : la production nucléaire est souvent présentée en production primaire d’énergie (électricité produite + pertes par chaleur). Ces pertes par chaleur représentent à elles seules 60% de l’énergie primaire nucléaire… Un joli tour de passe-passe.
Consommation finale à usage énergétique en France en 2020
Source : www.ecologie.gouv.fr/transition-energetique-en-france
Pourquoi ce conflit EnR / Nucléaire ?
Le nucléaire, ce symbole, s'est cru tout puissant, assurant l'honneur et la prospérité de la France depuis 50 ans. Et il est donc inconcevable et inconvenable que de piètres EnR intègrent son pré- carré, l'électricité.
20 ans qu'une partie du monde du nucléaire tape sans ménagement sur les EnR à coups de demi- vérités et désinformations, ralentissant considérablement leur développement et créant une défiance de plus en plus virulente envers les EnR, éolien en tête.
De l’autre côté, le développement des EnR a été poussé par des anti-nucléaires qui ont profité de la question écologique et climatique pour remettre en cause le modèle électrique installé, exacerbant ainsi le conflit EnR / Nucléaire. Les deux entités, les deux anti, s'écharpant sur quelle technologie sera la meilleure pour produire l'électricité de demain.
Mais le débat est ailleurs… ce conflit EnR Nucléaire fait oublier l'enjeu fondamental que sont les rejets de CO2 (Cf enjeu de l'humanité n°2). Les EnR et le nucléaire se focalisent l'un sur l'autre, se bagarrent, se disputent, s'insultent, en oubliant le seul combat qui a vraiment du sens pour qui s'intéresse sérieusement au défi climatique : SORTIR DU CO2.
Pétrole, Gaz, et Charbon, un amour bien français
Et ça fait 10 ans, 15 ans, 20 ans que la bataille fait rage. Pas pour savoir comment décarboner, puisqu'on a à peine commencé, mais pour savoir qui doit assurer la production électrique.
Et grâce à ce combat stérile, le mix énergétique français reste très majoritairement carboné, émetteur de CO2 à foison, pas mieux que nos voisins européens, largement au-dessus de la moyenne mondiale (En 2016, un français rejette environ 9 à 10 tonnes de CO2 eq/an ; la moyenne est d’environ 6 tonnes de CO2 eq/an au niveau mondial).
Source : www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/estimation-de-lempreinte-carbone-de-1995-2020
Et surtout, en 20 ans de sonnette d'alarme sur le dérèglement climatique, nos émissions et nos consommations d'énergies carbonées baissent timidement. Le charbon, encore utilisé mais plus faiblement, a été remplacé essentiellement par du gaz. Le pétrole, fier et lointain premier de notre mix énergétique, continue sa course en tête, pour encore de très belles années. L'année 2020 étant une erreur de parcours, les baisses ne sont pas substantielles et à mille lieues de la sortie du pétrole à l'horizon 2050.
Pire, la balance commerciale déficitaire de la France s'aggravant, une partie des baisses de pétrole, charbon et gaz constatées en France sont remplacés par les importations de biens et produits transformés toujours plus importantes, produites en grande partie par du charbon et du gaz.
Et pour la suite ?
Et pour la suite, c'est pas glorieux. Ce combat futile EnR / Nucléaire engendre des problèmes aujourd'hui monstrueux dans notre mix énergétique :
- Le Gaz russe n'est pas remplacé par des EnR ou du nucléaire, mais par du gaz de schistes américain, émetteur de CO2 à un niveau équivalent au charbon et destructeur pour l'environnement.
- La France rallume sa dernière centrale à charbon pour éviter le black-out cet hiver.
- Total Energies nous fait la morale sur nos consommations : Nan mais Total quoi !
- Les autorisations de projets EnR sont au point mort, notre gouvernement étant incapable de donner une direction claire.
- Les projets de « nouveau nucléaire » restent une chimère.
Chaque technologie "décarbonée" (i.e faiblement émettrice de carbone) a ses avantages et ses inconvénients. Sans vent l'éolienne ne tourne pas, sans soleil ou de nuit, le photovoltaïque ne produit rien et sans eau assez froide et en quantité, le nucléaire s'arrête.
Je ne suis pas plus rassuré par la stabilité de l'approvisionnement en uranium venu du Kazakhstan que des panneaux solaires ou de l'acier des éoliennes importés de Chine.
La solution miracle n'existe pas, mais il est toujours possible d'enfin commencer le vrai combat contre les émissions de CO2. Nous sommes un pays carboné, et nous devons en sortir !
Et il parait que du rêve à la réalité il n'y a qu'un pas. Alors je me prends à rêver. Je rêve de pronucléaire tapant sur le pétrole et la réception du Prince Saoudien par l'Elysée, de pro EnR tapant à tout va sur le gaz de roche mère américain, je rêve de cadres de Framatome s’enchaîner aux grilles de notre dernière centrale à charbon et de militants écologistes enfin écoutés quand ils parlent de sobriété.
Du rêve à la réalité il n'y a paraît-il qu'un pas …
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