Rencontre avec Claude Hanocq, passionné de généalogie et auteur de son premier roman "La Croisée des Chemins"
Qui a dit que les scientifiques n’avaient aucun talent pour l’écriture ? Claude Hanocq (ECL1984) l’a longtemps cru avant de se lancer dans cet exercice périlleux, avec l’ambition de raconter, entre fiction et réalité, l’histoire de ses aïeux et du Pays d’Artois où ils se sont implantés. « La croisée des chemins » l’a amené à croiser le nôtre. L’occasion d’inverser les rôles, et de lui demander de parler de son histoire à lui et de sa passion pour la généalogie.
Bonjour Claude. Pouvez-vous nous expliquer d’où vous vient votre intérêt pour la généalogie ?
J’ai toujours été passionné d’Histoire. Vers 45 ans, j’ai commencé à m’intéresser à celle de ma famille. Je n’avais alors plus qu’une grand-mère et j’ai pris conscience qu’elle représentait le dernier lien avec l’histoire de mes aïeux. J’ai passé du temps à discuter avec elle et me suis parallèlement documenté sur la généalogie notamment au travers des livres de Jean-Louis Beaucarnot, considéré comme le « Pape » de la discipline.
Comment vous est venue l’idée d’écrire ce roman ?
Depuis que je suis adolescent, je rêvais d’écrire un bouquin. Mais quelle histoire pouvais-je raconter ? Surtout avec mes talents plus scientifiques que littéraires. La généalogie est une passion solitaire qui n’intéresse malheureusement que rarement l’entourage. C’est de cette idée de partage qu’est né le projet d’écrire ce roman. J’ai compris en discutant avec une de mes tantes au profil littéraire, que pour rendre la généalogie intéressante, il fallait réussir à remplir les espaces entre la réalité des faits connus, avec des histoires que l’on imagine possibles, mais aussi essayer de transmettre des émotions. La Croisée des Chemins est à ce titre un jeu d’équilibre entre les événements datés qui ont marqué l’histoire de ma famille et le récit fictif mais potentiellement cohérent, de ce qui les relie entre-eux.
Quel a été le point de départ du livre ?
J’ai découvert lors de mes recherches généalogiques sur l’histoire de mes ancêtres que l’une d’elle était décédée accidentellement en 1850 en forêt d’Eu, à environ 5 jours de marche du pays d’Artois, d’où ma famille est originaire. Suite à ce drame, le mari a été contraint de confier un de ses deux enfants à la famille de sa femme dans le Pas-de-Calais, pendant qu’il gardait auprès de lui le plus jeune de ses fils. C’était mon arrière-arrière-grand-père. La Croisée des Chemins raconte l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont fait face aux fortunes diverses de la vie. Certains étaient même recensés comme mendiants. C’est cette ascension sociale que j’ai voulu raconter, en me basant sur des événements clés et en imaginant les morceaux d’histoire oubliés par le temps.
Que diriez-vous si vous deviez présenter La Croisée des Chemins comme une 4ème de couverture ?
J’écrirais quelque chose comme : « Vous voulez savoir qui étaient vos ancêtres, comment ils vivaient, leurs bonheurs et leurs malheurs ? Lisez ce livre ! Vous serez ému par les destins de ces gens qui auraient pu être vos ancêtres, qui sont vos ancêtres ! C’est grâce à leur ténacité, leur vitalité et leur inventivité que vous lisez aujourd’hui ces lignes. Qu’un seul d’entre-eux ait refusé le combat qu'a été leur vie et… ». Ce que j’essaye ici d’expliquer, c’est que le fil de l’histoire est très ténu et il suffit d’un détail pour que rien de ce que l’on connaît n’existe aujourd’hui. Si les mendiants dont je parle dans mon livre ne s’étaient pas battus, une de mes cousines n’existerait pas.
Entre réalité et fiction, comment avez-vous procédé pour construire l’histoire de La Croisée des Chemins ?
J’ai construit un squelette à partir des éléments chronologiques dont je disposais : un Excel avec les personnages en abscisse, les dates en ordonnée et puis les références des sources et des événements sur 3 siècles et demi. Sans doute un réflexe de scientifique ! Je savais que je voulais partir du décès de cette femme qui pouvait expliquer comment ma famille originaire du Pas-de-Calais s’était installée durablement dans le Vimeu Picard. Parfois j’avais 20 ans de blanc entre deux informations. J’ai donc fait des recherches dans les archives des villages alentours pour essayer de glaner des informations complémentaires. Une fois la structure factuelle établie, j’ai pu commencer à décrire l’histoire de ces gens. Ce fut un exercice parfois très structuré comme le ferait naturellement un ingénieur, et d’autres fois plus libre, avec une part plus grande laissée à l’imagination.
Avez-vous connu le syndrome de la page blanche ?
Pas tellement. J’ai pris l’écriture de ce roman comme un hobby qui m’occupait pendant mes nombreux voyages d’affaires. A l’inverse, aujourd’hui que je commence l’écriture d’un second roman, j’éprouve effectivement plus de difficulté.
Serait-ce la suite de la Croisée des Chemins ?
Beaucoup de lecteurs du livre me demandent s’il y aura une suite. Malheureusement, je me heurte à la barrière des 100 ans qui m’interdit de parler de personnes potentiellement encore vivantes. Mon prochain roman pourrait s’intéresser à la famille de ma mère avec comme personnage central, son arrière grand-père, que je vais essayer de camper. Pour cela, je lis beaucoup de roman avec des personnages masculins forts tels que le Vieil homme et la mer, ou Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire.
Quels ont été les retours suite à la parution de votre roman ?
J’étais inquiet des réactions que susciterait mon livre. On a beau dire qu’on écrit d’abord pour soi, l’objectif est de faire passer des émotions. Heureusement, les retours furent extraordinairement positifs, non seulement de la part de ma famille, qui pour une fois s’est intéressée à la généalogie, mais aussi de personnes que je ne connaissais pas. Des gens de la région, mais aussi d’ailleurs, ainsi que la Maire d’un village dont je parle dans le livre, m’ont écrit pour me remercier et me dire qu’ils avaient reconnu un peu de l’histoire de leur propre famille.
Quels sont les réflexes à avoir quand on se lance dans des recherches en généalogie?
Le premier est de ne jamais partir de simples hypothèses. Il faut toujours prendre un fait connu comme point de départ. Cela évite de perdre du temps dans des recherches inutiles avant de se rendre compte que le postulat de départ est faux… Cela implique d’être organisé et rigoureux. De vérifier chaque information, chaque source. Heureusement, la recherche d’actes est facilitée depuis que les archives départementales sont disponibles en ligne. Si vous avez la chance de remonter au-delà du 19ème siècle, de bonnes notions de paléographie sont nécessaires afin de déchiffrer les écritures anciennes. Il n’est en effet pas rare de passer plusieurs heures pour comprendre 3 lignes. Le bon réflexe consiste alors à retranscrire ce qu’on vient de déchiffrer sur un fichier word. Cela évite de devoir repartir de zéro quelques semaines plus tard car vous aurez entre temps oublié ce qu’il contenait.
Pensez-vous, concernant l’histoire de votre famille, être arrivé aussi loin que la mémoire écrite pouvait vous mener ?
Pour certaines branches de ma famille, j’ai pu remonter jusqu’au 17ème siècle. Mais j’ai bon espoir de remonter encore plus loin. Il paraît que selon les lois de l’implexe, nous descendons tous d’un roi et d’un pendu. Comme je n’ai encore trouvé ni l’un ni l’autre, je continue de chercher ! Plus sérieusement, les généalogistes considèrent que l’Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 édictée par François 1er, est le point le plus ancien jusqu’auquel il est possible de remonter. Il imposait que tous les textes en vigueur soient rédigés en français et que soit rendue obligatoire la tenue des registres des baptêmes. Une bénédiction pour les passionnés de généalogie.
Les auteurs terminent souvent leur roman en remerciant les personnes qui les ont aidés. Qui avez-vous souhaité remercier dans La Croisée des Chemins ?
J’ai remercié deux de mes tantes, anciennes institutrices qui m’ont coaché pendant l’écriture du livre et qui ont pris le temps de corriger les fautes. L’une d’elle fut également une grande source d’anecdotes et de documents sur ma famille. J’ai tenu à rendre hommage également au Maire de Crépy dans le Pas-de-Calais que j’avais rencontré, ainsi qu’à l’animatrice du Comité d’Histoire du Haut-Pays d’Artois qui fait vivre le patrimoine de la région. Enfin, j’ai remercié ma fille, qui est en école d’ingénieur, et qui pendant ses vacances, s’est occupée de la mise en page du livre sur Thebookedition.com le site web sur lequel vous pouvez vous le procurer.
La croisée des chemins de Claude Hanocq
La page facebook consacrée à la croisée des chemins et à son auteur
Auteur
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