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08 avril 2020

Une exposition du Mouvement, libératrice de la parole face au sexisme

Publié par LE MOUVEMENT | École

Chaque année début mars, la semaine Centr'L est organisée à Centrale Lyon à l'occasion de la journée internationale du droit des femmes. Ce temps est l'occasion d'échanges sur des thématiques fortes, et de sensibilisation sur le sexisme tel qu'il peut exister au sens large dans la société. Courant 2019, le Mouvement a vu le jour. Il s'agit d'un club d'élèves de l'ECL qui se bat contre les stéréotypes genrés, les inégalités homme-femme et qui a entrepris de sensibiliser face aux comportements sexistes et aux violences associées. Point de départ d'une prise de conscience collective : une exposition sur les violences sexistes mise en place à l'ECL l'an dernier par le Mouvement a permis de libérer la parole au sein de l'Ecole. Rencontré dans le sillage de la semaine Centr'L, le Mouvement revient pour Technica sur la genèse de l'exposition, et son impact sur le Campus. 


Présentation de l'exposition

L’image de la femme à travers le monde et à Centrale méritait d’être remise en question et c’est pour atteindre ce but-là que nous avons pensé à mettre en place une exposition qui aurait lieu à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Ainsi, elle s’organise autour des violences faites à la femme en les séparant en deux catégories, les violences sexistes et sexuelles ainsi que celles commises à l’encontre du concept même de femme (sexisme, hypersexualisation, misogynie, etc…). En effet, nous estimons que ces affronts ne sont plus tolérables au XXIe siècle et que leur banalisation doit cesser.

C’est donc dans cette optique que nous avons réfléchi à plusieurs manières d’alerter le public sur ce qu’il se passe réellement à la fois à Centrale, en France et dans le monde. Nous avons alors mis en place des affiches très graphiques mettant en lumière que les violences physiques faites aux femmes, l’hypersexualisation et les clichés doivent cesser. Le plus effrayant dans tout ce processus reste encore de voir à quel point les statistiques sont parlantes et que rien ou presque n’est pour autant fait. Concernant ce qu’il se passe à Centrale, nous avons décidé de rester les plus factuels possible et donc de faire passer le message en transmettant les témoignages bruts.

Nous avons également décidé d’organiser l’exposition de manière à suivre une gradation dans les violences, pour montrer qu’elles ont toutes une origine commune à savoir des représentations ou encore des clichés qui s’apparentent de près ou de loin à du sexisme ordinaire. Ce dernier est le point de départ de nombre de violences et doit être dénoncé en tant que tel. Notre but était donc de faire prendre conscience au public que rien de ce qu’il voyait ne pouvait être considéré comme banal et inoffensif, l’hypersexualisation et les stéréotypes dégradants menant à des violences plus physiques illustrées par les témoignages.

Il fut également proposé de montrer l’autre côté du spectre, c’est-à-dire les clichés que subissent les hommes lorsqu’ils sont confrontés à la vision de la masculinité au sein de la société. Un des exemples forts de cela est le “Squat for Change” (mouvement sur les réseaux sociaux où les pères montrent qu’ils sont obligés de faire des squats pour avoir un support afin de changer leur enfant) qui met en évidence que les hommes sont également touchés par ces stéréotypes genrés.

Pourquoi avoir fait l'exposition?

Nous avons choisi de réaliser cette exposition afin de faire prendre conscience aux Centralien.ne.s de l’atmosphère sexiste qui régnait dans l'École et de son caractère inacceptable. En effet, dans une école d’ingénieur.e.s qui compte plus de 75% d’hommes, il peut être difficile pour les femmes de se faire entendre parmi les chants « festifs » qui normalisent le viol et la nudité.

Nous souhaitions dénoncer des comportements perçus comme normaux par la plupart des élèves mais qui relevaient en fait souvent de faits répréhensibles par la loi, tels que des faits de harcèlement et d’agression sexuels. La minimisation de la gravité de ces faits entretenait de plus le silence des victimes et des témoins, qui pouvaient ne pas se sentir légitimes dans leur souffrance, et donc un sentiment d’impunité, les victimes portant rarement plainte.

De plus, notre objectif était de montrer que les violences sexistes et sexuelles arrivaient aussi à Centrale, que ça n’arrivait pas qu’aux autres. C’est pourquoi nous avons recueilli les témoignages de Centralien.ne.s ayant été témoins ou victimes de violences sexistes et/ou sexuelles, afin de libérer la parole trop souvent tue et de permettre une réelle prise de conscience parmi les élèves. Nous souhaitions créer une conversation sur le campus, inviter les élèves à se remettre en question et à réfléchir à des solutions pour faire évoluer ce climat vécu comme anxiogène par certain.e.s.

Conséquences de l’exposition

Quelles conséquences suite à cette exposition ? Nous avons noté qu’elle avait eu un retentissement certain autant auprès des étudiants que des professeurs et membres de l’administration. Nous avons en effet reçu moult messages et critiques positifs, relatant souvent l’étonnement ressenti à la lecture des témoignages. Les témoignages explicitaient des faits vécus par des Centralien.ne.s qui vont du harcèlement sexiste et sexuel jusqu’à
l’agression sexuelle, voire la tentative de viol. Mais cela ne s’est pas arrêté à une simple diffusion de message. Un arrêt des évènements festifs a immédiatement été décidé par la direction, qui a demandé la création d’une charte de bonne conduite avec des actions concrètes.

Elle rappelle les articles de loi concernant le harcèlement, et expose les mesures prises pour pallier cela. En ce qui concerne les actions menées, elles ciblent principalement les soirées, en formant des responsables anti-harcèlement pour les soirées dans les résidences et au foyer. Cependant, les formations étant données à des membres de toutes les associations (Bar, BDS, DBS, WEI, BDE, mouvement, cheer up, etc), cela permet une sensibilisation générale pour un respect de la dignité de chacun au sein de Centrale mais aussi à l’extérieur.

Cette histoire s’est sue dans de multiples écoles, celles du plateau de Saclay, les Centrales, les écoles lyonnaises. L’exposition aura donc fait parler d’elle, réveillant la conscience de tous, suscitant une indignation générale à la découverte des témoignages, donnant naissance à un projet de mise en commun des mesures et réflexions entre toutes les écoles. Des progrès restent à faire concernant la lutte pour l’égalité homme-femme et l’abolition des violences sexistes, mais cette émulation centralienne et nationale dénote d’un changement d’état d’esprit global et laisse présager une amélioration de la situation.

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