Diplôme d’ingénieur généraliste de Centrale Lyon en VAE : le témoignage de Pierre Zephirin (ECL 2021)
Centrale Lyon fait partie des écoles d’ingénieur à proposer d’obtenir un diplôme généraliste via la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Une solution qui a permis à Pierre Zephirin (ECL 2021) de valoriser ses compétences professionnelles acquises lors de ses vingt années d’expérience dans le secteur de l'extraction pétrolière. Voici son témoignage.
Votre parcours de formation est particulier puisque vous avez repris le chemin de l’école après plus de 15 ans de carrière, d'abord avec un cursus à la London Business School, puis à Centrale Lyon. Quand avez vous ressenti le besoin de reprendre vos études ? Avec quels objectifs ?
Je cherche toujours à améliorer mes performances et à me préparer pour le poste suivant, j’ai eu cette démarche très tôt dans ma carrière. Après avoir passé la quarantaine, j’ai ressenti le besoin pour franchir un cap, d’acquérir de nouvelles compétences en management. La formation à la London Business School faisait partie d’un parcours interne à Seadrill pour le Leadership Development Program. Un programme mis en place pour identifier les futurs leaders de la compagnie et leur apporter de nouveaux outils de management. La démarche avec Centrale Lyon était double. Je voulais confronter mes acquis d’expérience aux exigences d’une Grande École d’ingénieur, conscient qu’il ne suffit pas de se former continuellement et d’être curieux de tout pour s’affirmer du niveau d’un ingénieur. Il me fallait donc évaluer où j’en étais. La VAE représentait le parfait outils pour cela. La seconde motivation était de préparer un éventuel retour en France. Mes formations académiques initiales n’auraient pas suffi pour me permettre de prétendre à un poste conforme à mes compétences. Aussi, pour valider ne serait-ce que le premier obstacle de recevabilité de mon cv, me fallait-il un diplôme Bac +5.
Pourquoi avoir choisi de faire une VAE avec Centrale Lyon ?
En début d’année 2021, alors que nous étions installé à Dubaï en famille avec nos trois enfants, j’ai pris la décision de tenter un diplôme d’ingénieur. Étant à l’époque le plus gros contributeur du couple en termes de revenus, mon épouse travaillant comme professeur des écoles, il n’était pas envisageable que je quitte mon poste. Il me fallait donc une formation que je puisse mener en parallèle de mon activité professionnelle. C’est en effectuant des recherches sur internet et en discutant avec des proches que la solution de la VAE s’est imposée. En effet, une formation en alternance en travaillant à Dubaï aurait été compliquée, et mes responsabilités professionnelles auraient rendu l’exercice difficile. En me renseignant sur les VAE, assez peu d’école d’ingénieurs en proposaient et Centrale Lyon sortait du lot avec deux solutions. Le prestige de l’école m’a d’autant plus motivé, que je travaille avec plusieurs collègues Centraliens. La VAE étant une validation des acquis, je n’ai suivi aucun cours, en revanche la préparation a nécessité un gros travail et une profonde introspection par rapport à ma carrière. J’ai pris contact avec Philippe Thimonier professeur associé (ressources humaines et management) à L’École Centrale de Lyon en mars 2021 et soutenu ma VAE le 30 Juin 2022. A la suite de notre premier entretien et de l’analyse de mon parcours, Philippe m’a orienté vers le diplôme généraliste, plus exigeant mais aussi plus prestigieux et complet. Pour l’instant, je n’ai pas encore valorisé mon diplôme, j’ai obtenu mon poste actuel de Rig Manager grâce à mon expérience et mes compétences reconnues dans mon entreprise. Toutefois, je me rends compte que le titre d’ingénieur facilite certaines conversations avec des pairs ou des clients.
Qu’est-ce que ça fait de reprendre sa formation plus de 15 ans après avoir quitté les bancs de l’École ?
C’est difficile. Je travaillais en moyenne 10-12hrs par jour en tant que Commercial Manager, il a donc fallu dégager du temps pour préparer la VAE. J’ai pour cela travaillé sur deux axes, premièrement en déléguant plus à mes collaborateurs, et ensuite en sacrifiant mes week-ends et mes soirées. J’étais accompagné tout au long de ma démarche par Philippe Thimonier de Centrale Lyon et d’Hugues Bonnetain un coach professionnel. Leur aide et leurs orientations ont été précieuses.
Vous êtes aujourd’hui Rig Manager. En quoi consiste concrètement votre travail ?
Je suis responsable de plateformes de forage pétrolier, mon rôle est équivalent à celui d’un directeur de site industriel pour un grand groupe. Pour chaque plateforme je manage une centaine d’employés. Entre Juin 2022 et août 2023, nous avons réactivé et préparé trois plateformes de type Jackup pour des contrats en Arabie Saoudite pour Saudi Aramco. La dernière est entrée en service début septembre 2023. Mon métier consiste à m’assurer de la sécurité des opérations ainsi que de leurs performances en forage. Je suis aussi responsable de la composition des équipes, de leur recrutement, leur formation et le cas échéant de leur licenciement. Je dirige les orientations budgétaires et veille au contrôle du budget de fonctionnement et suis responsable des performances économiques (P&L). C’est un rôle très complet qui nécessite des compétences multiples en management de projet, gestion humaine, organisation du travail, relation clients…
Quels sont les sujets techniques auxquels vous êtes régulièrement confronté ?
Les plateformes de forage utilisent de puissants équipements de forage et de levage, ainsi que beaucoup d’automatisation, nous sommes donc souvent confrontés à des pannes, des erreurs humaines et des projets d’améliorations. L’éloignement physique des plateformes complique les interventions extérieures. Les déplacements se font soit en hélicoptère soit par bateau, et les contraintes administratives de visa et permis rendent le soutien technique plus laborieux à mettre en place. Pour cela, nous devons disposer d’équipes hautement compétentes et de suffisamment de stocks pour faire face à toutes les éventualités.
La fin annoncée des énergies fossiles impacte-t-elle votre travail, ou votre façon de vous projeter professionnellement dans les années à venir ?
La fin annoncée des énergies fossiles n’interviendra pas pour ma génération, donc il n’y a pas d’impact dans mon travail. Par contre, je m’interroge souvent sur les autres énergies et j’ai un attrait certain que je n’ai pas encore matérialisé, cela viendra. Mes compétences sont tout à fait transférables.
L’industrie pétrolière, souvent pointée de doigt à raison pour son impact est comme d’autres industries en mutation, les contracteurs comme les clients deviennent plus exigeants et regardants sur l’utilisation des ressources. Nous mettons en place des initiatives techniques et organisationnelles pour réduire notamment notre consommation de fuel. Il faut faire plus, mais les investissements sont colossaux et les bénéfices souvent indirects.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Je m’épanouis pleinement avec le fait de pouvoir toucher à tout. Je ne suis pas confiné à un seul métier. Dans la même journée, je vais changer de casquette, passant de la gestion humaine à des problèmes techniques, ou de la gestion budgétaire. Je suis aussi engagé en interne sur un projet de refonte des systèmes de management.
Ce qui est plus dur en revanche, c’est l’équilibre travail-vie privée, je dois être joignable 24/24 et les journées sont longues. Même après avoir quitté le bureau, je travaille souvent le soir et les week-ends. Je ne suis pas très disponible pour ma famille.
Vous en avez terminé avec la formation continue, ou on peut s'attendre à vous voir de nouveau avec un cartable sur le dos dans quelques années ?
Philippe Thimonier me taquine en me disant que la prochaine étape pour moi, c’est le doctorat ! Mais nous n’y sommes pas encore. Il s’agira certainement dans un avenir proche d’un MBA ou d’un EMBA.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.