HEXA Surfboard : le projet de planches de surf éco-responsables qui va faire des vagues
Derrière la carte postale du surfer écolo, se cache une réalité plus terre-à-terre : 95 % des matériaux qui composent une planche sont issus de l’industrie pétrochimique ! En moyenne, une planche de surf émettrait ainsi pas loin de 6 kg de déchets toxiques, sans parler des milliers de kilomètres parcourus avant de voir pour la première fois l’océan. Mais ça c’était avant. Avant que Sylvain Fleury (ECL2015) et son ami d’enfance Léo Bouffier (ENSTA2015) ne se jettent à l’eau avec leur projet Hexa Surfboard, bien parti pour faire des vagues.
Technica : Il paraît que vous avez eu envie d'innover dans l'industrie polluante des planches de surf. Expliquez-nous cela?
Sylvain Fleury : Notre concept est simple, proposer grâce à l’impression 3D des planches eco-responsables, depuis leur fabrication jusqu’à leur recyclage, performantes techniquement et personnalisables selon les données renseignées par chaque surfer (morphologie, type de vagues habituellement surfées, le type de planche recherchée…).au moment de commander sa planche.
Tout ça grâce à de simples imprimantes 3D ?
C’est l’idée de départ oui, mais il a fallu de longs mois de R&D pour faire évoluer ces imprimantes 3D afin qu’elles puissent fabriquer les planches de surf telles que nous les imaginions à partir de bobines de plastiques recyclés.
D’où la dimension eco-responsable de votre projet…
Pas seulement. L’impression 3D nous permet à la fois de proposer des planches composées à 95 % de plastiques recyclés (le surf est ensuite recouvert de fibre et de résine époxy bio-sourcé), avec à moyen terme l’ambition d’utiliser des déchets plastiques récupérés dans les océans, mais aussi de réduire les coûts de transports en réduisant au maximum les intermédiaires. Nous travaillons notamment sur des imprimantes en kit qui favoriseront une production locale via des micro-usines implantées à proximité des spots de surf.
Vous avez également imaginé un système de consigne pour vos planches de surf…
Il faut savoir qu’aujourd’hui lorsqu’une planche de surf classique est abîmée, le polyuréthane qui la compose s’imbibe d’eau et il est souvent difficile de la faire sécher, et donc de la réparer. Elle est alors bonne à être jetée à la poubelle. Et comme, elle n’est pas recyclable… A l’inverse, nos planches sont remplies d’air, ce qui permet d’enlever l’eau plus facilement, avant de réparer la surface. Et si vraiment, la planche n’est pas récupérable, ses composants ont toujours de la valeur et peuvent être recyclés. Son propriétaire peut nous la confier et en échange il bénéficie d’une remise sur l’achat de son futur matériel.
Vos planches de surf offrent-elles une expérience de glisse aussi bonne qu’avec les planches habituelles ?
Nous avons pensé nos planches justement pour qu’elles s’adaptent aux exigences des surfers. Grâce aux données renseignées par chaque client au moment de paramétrer sa planche, un algorithme permet d’adapter sa fabrication et coller ainsi à son style, à sa morphologie et aux usages qu’il souhaite en faire. Si l’intérieur de la planche est imprimé en 3D, l’extérieur ainsi que les finitions sont faites de façon artisanale par des shapers professionnels. Les premiers tests de prototypes auprès de surfers de bon niveau sont plus que positifs, ce qui ne nous empêche pas d'écouter attentivement leurs conseils (amélioration de courbure, répartition du poids etc.) pour améliorer encore le résultat. D’ailleurs, nous organisons une grosse séance de test le week-end du 8 et 9 juin à Hossegor et Biarritz.
Quels sont les principaux défis techniques auxquels vous avez du faire face ?
La première question a été de trouver une solution pour fabriquer une planche de surf en plastique recyclé, matériaux plus dense et lourd que le polyester ou le polyuréthane habituellement utilisé, et qui soit aussi performante, maniable, solide et légère. Un important travail sur le design a été nécessaire pour relever ce défi. Aujourd’hui, nous travaillons plus précisément sur l’amélioration de la vitesse d’impression 3D de nos planches.
Sylvain Fleury et son associé Léo Bouffier sur le salon Vivatech
Qui sont vos concurrents sur ce marché du surf « durable » ?
D’un côté, les fabricants de planches de surf historiques tentent bien de se positionner sur le surf durable, mais ils sont coincés par l’inertie de leur modèle de fabrication et de distribution. Ils dépendent trop de leurs intermédiaires pour décider d’un virage à 180 degrés. Il existe de plus petites structures comme Notox qui propose des planches eco-responsables en liège. Notre concept technique est donc différent, mais surtout le travail sur le design et la personnalisation des planches via l’algorithme, sont des éléments de distinction forts. La relation et l’attachement du surfer à sa planche n’en sont que renforcés. Chaque planche étant unique, l’engagement des utilisateurs à la marque devrait vite devenir un levier important.
Quelles sont les prochaines grandes étapes pour Hexa Surfboard ?
Nous allons débuter cet été la campagne de précommande des premières planches de surf depuis notre site internet. Nous allons également partir nous installer quelques temps à Los Angeles afin de poursuivre notre développement en contact avec les surfers locaux. Les États-Unis représentent aujourd’hui 50 % du marché mondial du surf. C’est donc un passage obligé pour se lancer et acquérir la légitimité et la visibilité nécessaire à la pérennité de notre aventure.
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